dimanche 1 novembre 2009

La salle des profs





Dans mon lycée, on est nombreux :
A vue de nez, on est plus d’deux.
Comme j’suis sympa, j’vais vous en faire
Vite fait comme ça, tout l’inventaire.

Y’a l’syndiqué, çui qui sait tout
Sait s’informer, c’est un filou.
Critique souvent les décisions
Toutes celles que prend, la direction.
Fait toutes les grèves, toutes les manifs,
Jamais de trève, c’t’un combattif !
Siège au CA, tient l’bureau d’vote…
Il est comme ça, c’est pas d’sa faute.

Ah mes collègues, je les adore :
Le gros, le bègue, le prof de sport.
Celui qu’y’est frais, celui qu’y’est chiant,
Le prof d’anglais, celui d’allemand.
Cui qu’y’est gentil et suis bôf bôf
Et surtout çui qu’y’écoute les Zrofs.

Y’a l’néotit’, il est tout pâle.
C’est le bleu bite qui a du mal.
Il a sous l’bras un tas d’carnets,
Qu’il remplira à la récré.
Tout l’monde lui dit que il faut qu’il tienne,
Qu’ça ira mieux l’année prochaine.
Lui il repête, qu’il va lâcher,
Qu’c’est prise de tête, c’foutu métier !

Il y a aussi, l’prof investi
Qui est à fond dès le lundi.
Il organise plein de voyages,
Va à Venise et fait des stages.
Il carbure au café serré,
Des expressos toutes la journée.
Bien sûr certains l’trouvent fatigant…
Il n’y peut rien, c’est un battant.

Ah mes collègues, je les adore :
Le gros, le bègue, le prof de sport.
Celui qu’y’est frais, celui qu’y’est chiant,
Le prof d’anglais, celui d’allemand.
Cui qu’y’est gentil et suis bôf bôf
Et surtout çui qu’y’écoute les Zrofs.

Pi y’a l’branleur, un mec sympa.
Jamais à l’heure il n’y arrive pas !
Ne sait jamais quelle classe il a.
Ce qui lui plaît, dans c’métier là,
C’sont les congés, les jours fériés ;
L’est enchanté car cette année,
C’est mieux comme ça, c’est bien ainsi :
Il ne bosse pas le vendredi.

Evidemment y’a l’prof de sport,
En survét’ment, tout l’temps dehors.
Il fait du ski, à haut niveau
Et à Paris c’est pas jojo :
Ca manque de neige, de déniv’llé,
Rêve d’un collège plus haut perché,
Pour faire c’qu’il aime, faire partager
L’amour des stems sur les glaciers.

Ah mes collègues, je les adore :
Le gros, le bègue, le prof de sport.
Celui qu’y’est frais, celui qu’y’est chiant,
Le prof d’anglais, celui d’allemand.
Cui qu’y’est gentil et suis bôf bôf
Et surtout çui qu’y’écoute les Zrofs.

On trouve aussi les agrégés
Qui interviennent en faculté
Ils ont écrit un manuel
De poésie, une bio d’Ravel
Un bouquin d’term, de chez Bordas
Celui qu’il utilise en classe.
Leur boulot c’est vraiment sérieux
Ah si tout l’monde était comme eux !

Il y a aussi les profs artistes
Celui d’musique, clarinettiste
Dans un orchestre de Bourg La Reine
Qui se produit tous les week-end.
Celui d’dessin, peintre éclairé
Qui dans ses classes cherche à r’pérer
Parmi les lecteurs de manga
L’futur Titien, l’nouveau Goya.

Ah mes collègues, je les adore :
Le gros, le bègue, le prof de sport.
Celui qu’y’est frais, celui qu’y’est chiant,
Le prof d’anglais, celui d’allemand.
Cui qu’y’est gentil et suis bôf bôf
Et surtout çui qu’y’écoute les Zrofs.

Enfin y’a nous, des profs lambdas
Et puis y’a vous, salut ça va ?
Rien de spécial, à signaler
On est banals, comme des milliers
On ne fait que, notre métier
Fiers et heureux, d’être mal payés
Nous enseignons avec conscience
Mais bien sûr qu’on aime les vacances !