dimanche 29 mars 2009

La mut'





Je suis natif du Sud
Où il fait toujours beau.
Ici l’hiver est rude
Et dure plus qu’il ne faut !

Quand j’ai eu le CAPES
M’ont envoyé ici.
Pour l’coup j’ai pas eu d’fesse
Car je n’aime pas Paris.

Je supporte l’OM,
Ici c’est pas bien vu…
Mais c’est l’équipe que j’aime
Le PSG ça pue !

Sept ans que je suis là,
Ca fait sept ans de trop,
Mais ils ne me lâchent pas,
A croire que j’suis l’plus beau !

J’ai un p’tit paquet d’point,
Mais il n’y’a rien à faire...
A croire qu’ils n’valent rien.
Franche’ment ça m’désespère !

Cette année, j’veux ma mut’
Zut zut zut, j’veux ma mut’
J’veux ma mut’ j’veux ma mut’
Flute flûte flûte, c’est mon but.

Wha cette mut’ c’est un mythe !
Et pourtant j’la mérite :
J’suis un prof émérite,
J’veux ma mut’ vite vite vite !

Moi je viens de Bretagne,
Un bled mignon comme tout,
Perdu dans la campagne,
Dont l’nom commence par Plou.

J’habite à Panameu
Depuis cinq grosses années
Et je bosse en banlieue
Parce que j’suis obligé.

Pour y’aller c’est super :
Si tout se passe bien
J’ai deux heures d’rer,
Il faut dire que c’est loin !

Elle m’manque ma péninsule…
Ah mon beau Finistère…
Ici je trouve tout nul
Et y’a même pas la mer !

C’est pourquoi chaque année
J’participe au mouvement
Mais j’ai jamais gagné
Faut croire qu’j’suis un perdant !

Cette année, j’veux ma mut’
Zut zut zut, j’veux ma mut’
J’veux ma mut’ j’veux ma mut’
Flute flûte flûte, c’est mon but.

Wha cette mut’ c’est un mythe !
Et pourtant j’la mérite :
J’suis un prof émérite,
J’veux ma mut’ vite vite vite !

Et moi je suis Normand
Et j’enrage de ne pas
Rejoindre ma ville de Caen
Où coule le calva.

Moi j’arrive du Cantal
Et j’veux y retourner
Ici l’air est trop sale :
J’peux à peine respirer !

Nous sommes nées à Toulouse,
C’est là-bas qu’on a grandi.
Et nous avons le blues
Depuis que nous sommes ici.

Mais mon académie
Elle vaut 630 points.
Même si je me marie
J’n’en aurais 80 !

A moins d’faire 3 enfants,
Dans les 6 prochains mois.
Mazette ça m’laisse peu d’temps :
Il vaut mieux qu’je traîne pas !

dimanche 15 mars 2009

Tout supprimer





J’ai un copain qui est pompier
Eteindre les feux, c’est son métier.
Supprimez-lui la grande échelle
Inutile pour un feu d’poubelle.
Coupez-lui donc, l’arrivée d’eau
Pour que ça soit plus rigolo !

On ne peut pas, tout supprimer. Supprimer supprimer supprimer.

J’ai un copain qui est boulanger
C’est aussi un bon pâtissier.
Supprimez-lui donc la farine
Histoire qu’il fasse une grosse déprime…
Coupez l’courant de son gros four
Pour voir s’il possède de l’humour.

On ne peut pas, tout supprimer. Supprimer supprimer supprimer.

J’ai un copain qui est chirurgien
Il soigne les rates, les intestins.
Supprimez-lui l’anesthésiste
Pour que ce soit un peu moins triste…
Coupez-lui donc les deux mains
Vous verrez il f’ra moins le malin !

On ne peut pas, tout supprimer. Supprimer supprimer supprimer.

J’ai une amie qui est instit’
En maternelle section petite
C’est elle qu’accueille tous les gamins
De mes copains et même les miens.
La supprimer ? Fermer sa classe ?
Voilà un joli tour d’passe-passe !

On ne peut pas, tout supprimer. Supprimer supprimer supprimer.

J’connais quelqu’un qui est banquier
Dont la vie rime avec chéquier.
Lui trouve ça bien trouve ça logique
De supprimer, d’façon inique
Tout c’qui n’est pas économique
D’penser aux mômes après le fric !

On ne peut pas, tout supprimer. Supprimer supprimer supprimer.

dimanche 1 mars 2009

La réunion parents-profs





C’est 18 heures et c’est parti,
J’reçois l’papa de Stéphanie.
15 de moyenne dans chaque matière
J’n’ai rien à dire car c’est super.

Mais je vois bien que son papa
Lui il attend des compliments
Il est venu exprès pour ça,
Faut qu’j’m’exécute et rapidement.

« Votre fille c’est ce qu’on fait de mieux,
Ah si tous les autres élèves
Lui ressemblaient ne s’rait-ce qu’un peu,
Je n’vous cache pas que ce s’rait l’rêve ! »

Ce soir la poisse, en fin d’journée
Après les cours, j’suis obligé
De rencontrer les géniteurs
De mes élèves pendant deux heures.

C’est un classique du métier :
La réunion dite parents-profs.
Elle est courue, elle est prisée,
La salle sera pleine comme un œuf.

18h10, maman de Jien
La traduction son fils fera
Comme j’comprends rien, au mandarin
Il lui dira ce qu’il voudra !

Mais la maman, elle veut aussi
Communiquer son propre avis
Dans la même phrase voilà qu’elle met
Presque tous les mots qu’elle le connaît.

« Lui travaille bien mais restaurant
Besoin de lui, pour ranger caisse
Son frère pareil dans classe avant
Son père veut pas, il faut vite laisse… »

Ce soir la poisse, en fin d’journée
Après les cours, j’suis obligé
De rencontrer les géniteurs
De mes élèves pendant deux heures.

C’est un classique du métier :
La réunion dite parents-profs.
Elle est courue, elle est prisée,
La salle sera pleine comme un œuf.

18h30 j’ai un peu faim
Quand s’installe Madame Dupin.
C’est une maman célibataire
Qui a du mal avec Albert.

« Il passe ses nuits sur MSN,
Et ses journées sur Playstation. »
Comme j’veux aider, j’lui dis sans haine :
« Mais coupez donc, la connexion ! »

« Je voudrais bien mais je peux pas !
J’vous jure qu’c’est pas, que je veuille pas,
Mais j’sais pas faire, c’est compliqué
Car de sa chambre, j’ai pas la clé ! »

Ce soir la poisse, en fin d’journée
Après les cours, j’suis obligé
De rencontrer les géniteurs
De mes élèves pendant deux heures.

C’est un classique du métier :
La réunion dite parents-profs.
Elle est courue, elle est prisée,
La salle sera pleine comme un œuf.

Sept heures moins dix, voilà Oumar.
Ma p’tite terreur, mon p’tit cauch’mar.
C’est son grand frère qu’y’est avec lui,
Et j’sens Oumar qu’y’est tout contrit.

Sur qu’l’frangin a l’air sévère :
« Il faut être dur avec mon frère
N’hésitez pas à la punir,
C’est pour son bien, pour son av’nir.

Et quant à toi » Il le menace,
« Tu te tiens bien quand t’es en classe !
J’te jure qu’sinon ça va barder,
Si j’apprends qu’tu as déconné !»

Ce soir la poisse, en fin d’journée
Après les cours, j’suis obligé
De rencontrer les géniteurs
De mes élèves pendant deux heures.

C’est un classique du métier :
La réunion dite parents-profs.
Elle est courue, elle est prisée,
La salle sera pleine comme un œuf.

Il est 7h, j’en ai ma claque,
Quand vient s’asseoir Monsieur Novac.
Sa fille culmine sous la moyenne
Et pourtant elle se donne d’la peine.

Je tente alors d’lui expliquer
Qu’passer en s’conde, semble compliqué.
Qu’la voie pro s’rait, appropriée.
J’vois qu’M’sieur Novac est contrarié :

« Non pas question, ce s’ra l’lycée.
Ma fille va s’mettre à travailler.
F’ra des études après le bac,
Comme tous dans la famille Novac ! »

Ce soir la poisse, en fin d’journée
Après les cours, j’suis obligé
De rencontrer les géniteurs
De mes élèves pendant deux heures.

C’est un classique du métier :
La réunion dite parents-profs.
Elle est courue, elle est prisée,
La salle sera pleine comme un œuf.

Sept heures et d’mi, je veux partir.
Maladroitement, je tente de fuir,
Mais j’suis stoppé dans mon élan
Par la maman du p’tit Gaëtan.

Et c’est r’parti pour un autre tour.
Je peux même pas, crier au s’cours…
Gaëtan va dev’nir bon élève
Linda ne s’mettra plus en grève,

Fini les absences pour Titouan
Basta les retards pour Florent,
Mehdi n’insult’ra plus Mathias
Dylan n’dormira plus en classe.

Ce soir la poisse, en fin d’journée
Après les cours, j’suis obligé
De rencontrer les géniteurs
De mes élèves pendant deux heures.

C’est un classique du métier :
La réunion dite parents-profs.
Elle est courue, elle est prisée,
La salle sera pleine comme un œuf.

20h40, j’crois qu’c’est fini,
Et je suis un peu étourdi,
Un peu KO, un peu sonné
Je vais enfin pouvoir rentrer.

Dans la voiture j’me r’mets douc’ment.
J’ai les oreilles plus chaudes qu’avant
Ma gorge est un peu cramoisie
Et j’ai envie de faire pipi.

Mais bon enfin, je me console
Car d’main 10h, j’vais à l’école,
L’instit reçoit en entretien
Les parents d’tous les CM1.

Or c’est la classe de mon gamin
Mon deuxième fils, le benjamin.
J’ai une tonne de trucs à dire
Et ça me redonne le sourire.